Queue

Jennifer Douzenel vit et travaille à Paris.

Pour l'artiste, le spectaculaire se niche dans l'infra-mince. D'une vidéo à l'autre, des motifs, des sujets, des effets ou des atmosphères se font écho, dialoguent ou se complètent pour former une cosmogonie personnelle. Chacune est une expérience sensible qui sollicite l'attention et l'imagination du spectateur, invité à éprouver à son tour les bruissements du monde.

Je conçois mes vidéos comme des tableaux s'inscrivant dans la continuité de la tradition picturale et où la temporalité se joue comme un élément plastique. J'enregistre des moments du réel réduit au cadre d'un seul plan fixe. L'image en arrêt contient déjà presque tout. Le temps de ces plans, en boucle, permet de quitter l'action pour ce qui l'entoure, pour approcher le sens de la composition ou vaguer vers l'éveil. Je traque d'éphémères moments de grâce où la réalité est transfigurée. Silencieuses, mes vidéos appellent à la contemplation de l'inutile. Elles sont un presque rien, une attention, une attente à la vie qui aspire à élucider la complexité du monde

Dans le cadre des chambres de l'Hôtel Canopy, Queue est une installation photographique tirée d'un film réalisé par l'artiste. Le mouvement de la queue d'un cerf-volant, non sans rappeler la fluidité des draps et des corps, qui se trouve dans cette chambre, balaie un ciel sous une lumière méridionale. Les images ont leur autonomie photogénique mais créent également un ensemble où se construit le récit d'un temps déroulé. Imprimées sur miroirs, les photographies reflètent la chambre et ses invités. Pensées comme un horizon recomposé, les images, relais pour l'extérieur, se déploient paisiblement.